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1 Novembre 2023
La rébellion séparatiste à dominante touareg a revendiqué mardi 31 octobre avoir pris le contrôle d'un camp tout juste évacué par la mission de l'ONU dans la ville stratégique de Kidal, enjeu majeur de la bataille pour le territoire entre l'État central et les groupes armés.
Les groupes qui viennent de reprendre les armes contre l'État malien ont occupé le camp sitôt celui-ci délaissé par la Minusma, a confirmé à l'AFP un élu local s'exprimant sous le couvert de l'anonymat compte tenu de la sensibilité du sujet. Le Cadre stratégique permanent (CSP) «prend désormais le contrôle des emprises abandonnées par la Minusma à Kidal», a dit dans un communiqué cette alliance de groupes armés.
Dégradation sécuritaire
Un convoi de Casques bleus composé de plus de cent véhicules avait auparavant quitté le camp en une colonne de plus de cent véhicules en direction de Gao, grande ville du nord à environ 350 km, avaient indiqué des sources au sein de la mission. C'est le troisième et dernier camp évacué par la Minusma dans la région de Kidal, après Tessalit et Aguelhok.
La question de la réponse de la junte au pouvoir à la prise de contrôle du camp de Kidal par les séparatistes est désormais posée.
La récente dégradation sécuritaire entre tous les acteurs armés se disputant le contrôle du terrain dans le Nord (séparatistes, jihadistes, armée régulière) a poussé la Minusma à accélérer son retrait de ses bases, à la grande irritation de la junte. La Minusma envisageait initialement de décrocher de Kidal plutôt vers la mi-novembre. La vaste et délicate opération d'évacuation de Kidal était anticipée depuis des semaines comme la plus inflammable de celles conduites par la Minusma depuis août. Kidal est en effet sous le contrôle de la rébellion à dominante touareg. Ces groupes qui avaient conclu un cessez-le-feu et un accord de paix avec le gouvernement en 2014 et 2015 viennent de reprendre les hostilités dans la perspective du désengagement de la Minusma. Ils s'opposent à ce que la Minusma remette ses camps aux autorités maliennes. Les colonels qui ont pris le pouvoir par la force en 2020 ont fait de la restauration de la souveraineté territoriale leur mantra.
L'insoumission de Kidal, foyer historique de rébellions indépendantistes qui secouent le Mali depuis l'indépendance et région où l'armée a subi d'humiliantes défaites entre 2012 et 2014, est un vieux motif d'irritation à Bamako. L'armée malienne a dépêché le 2 octobre un important convoi en direction de Kidal en prévision du départ de la Minusma. La colonne se trouverait encore à Anéfis, à environ 110 km au sud de Kidal. L'armée a aussi envoyé des renforts à Tessalit, à environ 200 km de Kidal. Kidal est le huitième camp que la Minusma quitte depuis août dans le Nord et le centre, sur une douzaine. Elle se retire dans la précipitation et sous la menace.
Obstructions
La junte a réclamé et obtenu du Conseil de sécurité de l'ONU en juin, après des mois de dégradation des relations avec la Minusma, le départ de la mission déployée depuis 2013 dans ce pays en proie au jihadisme et à une profonde crise multidimensionnelle. La junte a affirmé «l'échec» de la mission et dénoncé «l'instrumentalisation» qu'elle aurait faite de la question des droits humains.
La Minusma, dont les effectifs ont tourné autour des 15.000 soldats et policiers et dont plus de 180 membres ont été tués dans des actes hostiles, est censée être partie d'ici au 31 décembre. Des responsables onusiens admettent que l'évacuation des camps de la région de Kidal est encore plus compliquée que prévu, du fait des tensions qui menacent les personnels, mais aussi des entraves mises par la junte. En même temps que les séparatistes reprenaient les combats, le Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (GSIM), alliance jihadiste affiliée à al-Qaida, a multiplié les attaques contre les positions de l'armée, profitant des circonstances pour affermir son emprise et poursuivre le combat contre l'État et toute présence étrangère.
La Minusma, qui avait fait en sorte au départ de remettre ses camps aux autorités maliennes suivant les règles des opérations de maintien de la paix, part désormais sans le faire. Les relations déjà dégradées entre la junte et la Minusma ont continué à se tendre avec le retrait des Casques bleus. La Minusma se plaint de la non-délivrance d'autorisations de vol qui la force à entreprendre de longs et dangereux trajets par la route en s'exposant aux attaques et aux engins explosifs improvisés des jihadistes. Elle rapporte aussi les obstructions faites au déplacement de ses convois et dit avoir dû détruire ou mettre hors d'usage des équipements faute d'avoir pu les emporter.